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Influence du niveau du coureur sur la biomécanique :
La biomécanique de la course est un domaine large, influencée par de nombreux facteurs. Cette biomécanique de course peut être synonyme de performance lorsqu’elle est bonne, ou au contraire représenter un facteur de risque notable. Kluitenberg et al., dans une revue systématique publiée en 2015, ont révélé que les coureurs novices étaient plus sujets à se blesser aux genoux que les coureurs expérimentés. Les coureurs expérimentés pratiquaient la course depuis au moins 5ans avec une moyenne de 20 miles par semaine, alors que les coureurs novices débutaient la course au moment de l’étude et n’avaient jamais participés à une compétition de course à pied. La question qui se pose alors, est quelles sont les différences biomécaniques entre la foulée d’un coureur débutant et celle d’un coureur expérimenté. C’est ce à quoi ont tenté de répondre Quan et al., dans une étude publiée en 2021.
Take-Home Messages :
- En fonction du niveau du coureur il existe de grandes disparités sur la biomécanique de course.
- Les coureurs débutants devraient travailler la force musculaire et la stabilité de la hanche, ainsi que la technique de course.
- La biomécanique de course des coureurs débutants applique plus de contraintes sur l’articulation du genou.
- Les coureurs novices sont plus enclins à se blesser que les coureurs expérimentés.
Influence du type de foulée sur la biomécanique :
La relation entre les variables biomécaniques et les risques de blessures liées à la course à pied (RRI) a donné lieu à de nombreuses stratégies de réduction des blessures en course à pied, telles que la modification des techniques de course, notamment la technique d'attaque du pied.
Dans une revue systématique et méta-analyse publiée en 2020, Xu et al. se sont intéressés à l’influence de la technique de pose de pied sur la biomécanique de la course. Les résultats de cette étude sont synthétisés dans le tableau suivant :
1. Chevilles :
a) Taux de charge :
Le FFS présente une amplitude et un taux de charge de la force à l’impact inférieurs à ceux du RFS. La différence de charge à l’impact entre le FFS et le RFS est probablement attribuée à la compliance verticale, car une articulation plus mobile absorbe une plus grande énergie d'impact qu'une articulation plus rigide. Courir avec appui médio/avant-pied augmente la compliance verticale, et la compliance verticale est en corrélation négative avec le taux de charge moyen de la force d'impact. La cheville peut être considérée comme l'une des principales articulations permettant de réduire la charge d'impact lors du contact pied-sol. Les preuves actuelles indiquent que lorsque le taux de charge de force lors de l’impact est plus élevé, il peut influencer les risques de fracture de fatigue, de fasciite plantaire, et tous les types de RRI.
La FFS a augmenté de manière significative la puissance excentrique de la cheville et le travail négatif par rapport à la RFS. La contraction excentrique des fléchisseurs plantaires est le principal facteur contribuant au travail négatif de l'articulation de la cheville. Une plus grande énergie d'impact absorbée au niveau de l'articulation de la cheville est transmise au tendon d’Achille, ce qui peut augmenter la charge sur ce dernier. Si la force excentrique du triceps sural n’est pas suffisante pour répondre aux demandes spécifiques de la course avec appui « medio/avant-pied », le coureur aura un risque plus élevé de développer des tendinopathies d’Achille.
b) Amplitude (excursion) :
De plus, dans cette étude, le FFS a été associé à une plus grande amplitude de la cheville et à une réduction de l'amplitude de la flexion du genou, ce qui indique que la cheville absorbe probablement plus d'énergie que le genou. Cependant, une moindre amplitude en flexion du genou pendant la course peut être un facteur de risque de blessures au niveau du tendon d’Achille, car les contraintes sont certes diminuées sur l’articulation du genou, mais elles sont augmentées sur l’articulation de la cheville. Le travail du triceps sural sera donc plus important, ce qui justifie qu’une amplitude réduite en flexion de genou peut être un facteur de risques de blessures au niveau du tendon d’Achille notamment. De plus, le FFS est lié à une force de contact axiale plus élevée au niveau de la cheville dans cette revue.
c) Force de contact :
Une force de contact axiale plus élevée au niveau de la cheville indique une force plantaire plus importante, qui contribue probablement à l'augmentation des contraintes et des déformations sur le tendon d’Achille (AT) et aux pathomécanismes des lésions du AT lors de la course médio/avant pied. Cette analyse montre que le FFS impose des charges biomécaniques plus élevées sur l'articulation de la cheville (y compris l'AT) et augmente potentiellement les risques de RRI au niveau de l'articulation de la cheville, en particulier les tendinopathies d’Achille, par rapport au RFS.
2. Genoux :
Au contraire, le RFS est associé à une puissance excentrique du genou et à un travail négatif plus importants que le FFS ainsi qu’à un travail négatif plus importants par rapport au FFS. Plus d'énergie est absorbée au niveau du genou qu'au niveau de la cheville lors d'une course avec RFS, ce qui peut être attribué à un genou plus mobile et à une cheville plus rigide. L'étude actuelle suggère que le RFS peut augmenter les charges biomécaniques subies au niveau de l'articulation du genou (y compris l'articulation fémoro-patellaire) et potentiellement augmenter le risque de RRI au genou, par rapport au FFS.
3. Hanches :
Sept variables liées à l'articulation de la hanche ont été incluses dans la méta-analyse. L'amplitude en flexion de la hanche est la seule variable qui a été influencée de manière significative par le schéma de frappe du pied. Le FFS était associé à une augmentation de l'amplitude de la cheville et à une réduction de l'amplitude de la hanche et du genou dans le plan sagittal par rapport au RFS. Les différents schémas de mouvement des articulations des membres inférieurs peuvent aider à contrôler le mouvement du centre de masse du corps dans la direction verticale, dans le but de modifier l'absorption d'énergie au niveau des différentes articulations. Cependant, cette étude n'a révélé aucune différence significative dans les variables cinétiques de la hanche entre le FFS et le RFS, ce qui indique que la technique de prise d’appui a peu d'effet biomécanique sur la cinétique des articulations de la hanche pendant la course.
Take-Home Messages :
- Différentes techniques d’appui peuvent imposer divers effets sur les structures ou les tissus et influencer davantage les risques de RRI.
- Une attaque avant/médio-pied diminue les contraintes sur l’articulation fémoro-pattellaire. Une transition précautionneuse vers ce type de pose de pied pourrait potentiellement être indiqué dans les traitements des syndromes fémoro-patellaires (Xu et al., 2020)
- Une attaque avant médio-pied augmente les contraintes sur la cheville et notamment le tendon d’Achille.
- Un travail préparatoire spécifique et réfléchi semble donc indispensable avant de tenter de modifier la technique de pose de pied.
QUELS SONT LES BENEFICES ET LES RISQUES DE MODIFIER LE TYPE DE FOULEE DU COUREUR ?
FACTEURS DE RISQUE DE BLESSURE EN COURSE A PIED
De nombreuses croyances font un rapprochement entre biomécanique de course et risque de blessures. Hors, dans une méta-analyse publiée en 2019, Ceyssens et al. expliquent qu’il n’existe qu’un nombre très limité d’étude de bonne qualité attestant de facteurs biomécaniques influençant les risques de blessure. Ces preuves dépendent grandement de la population ainsi que des blessures étudiées.
Dans la littérature actuelle, il n’existe jusqu’alors aucune corrélation entre le type de foulée et le risque de blessure, en effet, les seules preuves sont tirées d’études rétrospectives, et ne constituent pas une base de données suffisamment fiables afin de tirer de conclusions claires. C’est ce qu’ont concluent Anderson et al. dans leur revue systématique et méta-analyse publiée en 2019, s’intéressants aux bénéfices/risques d’un changement de type de foulée.
En 2021, Van Poppel et al. ont comparé les facteurs de risque entre les coureurs à pied de courte et de longue distance. Voici le détail des résultats :
DISCUSSION
CONCLUSION
Une multitude de différences biomécaniques existent entre les coureurs ayant une foulée médio/avant pied et ceux ayant une foulée arrière-pied, ainsi qu’entre les coureurs novices et les coureurs expérimentés (au minimum 5 ans d’expérience). Ces différents types de foulées et d’expérience dans la course à pied sont en corrélation avec des facteurs de risques distincts. Ces différences doivent être pris en compte lors du traitement des patients ainsi que lors de l’élaboration de programmes spécifiques de prévention. Si une modification du type de foulée est envisagée, celle-ci doit être faite de manière précautionneuse et accompagnée d’un programme de renforcement spécifique. D’autres études de hautes qualités sont nécessaires pour définir clairement les facteurs de risques individualisés aux spécificités de l’athlète.
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