Effets de l'entraînement fonctionnel sur la performance physique et technique chez les athlètes : une revue systématique et synthèse narrative

Jan 4 / Arnaud BRUCHARD - ⏱️ 9 MIN -
Dans un monde où la recherche de la performance sportive ne cesse de repousser les limites, l’entraînement fonctionnel s’impose comme une approche innovante, capable de transformer les pratiques classiques d’entraînement. En alliant spécificité, mobilité et puissance, cette méthode promet des améliorations notables sur le plan physique et technique des athlètes. L’étude de Xiao et al., intitulée "Effects of functional training on physical and technical performance among the athletic population: a systematic review and narrative synthesis", offre une synthèse inédite et rigoureuse des bénéfices de l’entraînement fonctionnel, appuyée par une analyse minutieuse de 28 études menées sur près de 819 athlètes, issus de disciplines variées. Ce travail, publié en 2025, explore non seulement les impacts mesurables de cette méthode, mais ouvre aussi la voie à des applications pratiques pour les professionnels de la santé et de la performance sportive.

— Points clés

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Amélioration significative des performances physiques :

L'entraînement fonctionnel augmente la force musculaire, l'agilité, la vitesse, la flexibilité et l'endurance cardiovasculaire des athlètes, avec des gains mesurables dès 6 à 8 semaines.
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Impact direct sur les performances techniques spécifiques :

Cette méthode optimise la précision des gestes techniques dans diverses disciplines, comme le tir en basketball, la puissance des frappes en tennis ou la vitesse de mouvement en judo, grâce à une meilleure coordination et un transfert d'énergie efficace.
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Une approche adaptable et personnalisée :

L'entraînement fonctionnel se distingue par sa capacité à s’adapter aux besoins spécifiques des sports et des athlètes, en reproduisant les mouvements réels des disciplines pratiquées, tout en minimisant les risques de blessures.

Une méthodologie rigoureuse
pour une analyse exhaustive

Pour garantir la fiabilité et la pertinence des résultats, les auteurs ont suivi un protocole méthodologique exemplaire. La recherche s’est appuyée sur cinq bases de données internationales reconnues, telles que PubMed et Scopus, et a utilisé des termes de recherche soigneusement définis, comme "functional training" et "athletes". Chaque étude sélectionnée devait répondre à des critères stricts : inclure des athlètes quel que soit leur niveau, comparer un programme d’entraînement fonctionnel à des méthodes classiques, et mesurer des paramètres précis liés à la performance physique ou technique.

Les 28 études retenues ont été rigoureusement évaluées à l’aide de l’échelle PEDro, un outil permettant d’estimer la qualité méthodologique des recherches en kinésithérapie. Avec une moyenne de 5,57 sur 10, ces études affichent une qualité modérée, bien qu’elles offrent des données précieuses sur l’impact de l’entraînement fonctionnel. L’ensemble de ces études couvre une période allant de 2011 à 2023 et représente un large éventail de disciplines sportives, allant des sports collectifs comme le basketball aux sports individuels comme le tennis ou les arts martiaux.

L’entraînement fonctionnel :
une évolution dans l’approche sportive

L’une des forces de l’entraînement fonctionnel réside dans sa capacité à s’adapter aux besoins spécifiques de chaque discipline sportive. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui isolent des groupes musculaires, cette approche s’appuie sur des mouvements multi-articulaires et multiplanaires. Ces mouvements reproduisent les gestes fonctionnels propres aux sports, améliorant non seulement la force et la puissance, mais aussi la coordination et l’équilibre.

Par exemple, un joueur de tennis peut bénéficier d’exercices axés sur les rotations du tronc pour maximiser la puissance de ses frappes, tandis qu’un sprinteur pourra se concentrer sur des exercices de propulsion pour améliorer son accélération. Cette méthode ne se contente pas de renforcer les muscles isolément ; elle optimise les interactions entre les différents segments corporels, favorisant ainsi une chaîne cinétique fluide et efficace.

Des résultats sur la performance physique

L’analyse de Xiao et al. met en lumière les multiples bénéfices de l’entraînement fonctionnel sur les paramètres physiques des athlètes. Parmi ces bénéfices, l’amélioration de la force musculaire se démarque particulièrement. Les tests utilisés dans les études, comme les lancers avec médecine-ball ou les squats, révèlent des gains significatifs dans les capacités de poussée, de tirage et d’explosivité. Ces résultats s’expliquent par le travail spécifique sur les chaînes musculaires, qui favorise une meilleure coordination et un recrutement optimal des fibres musculaires.

La flexibilité, souvent négligée dans les approches traditionnelles, occupe une place centrale dans les conclusions de cette revue. En intégrant des mouvements dynamiques et des étirements fonctionnels, les athlètes ont amélioré leur mobilité, particulièrement au niveau des hanches et du tronc. Ces gains en souplesse se traduisent par une réduction des risques de blessure et une meilleure efficacité dans les gestes techniques.

La vitesse et l’agilité, deux qualités essentielles pour de nombreux sports, ont également bénéficié de l’entraînement fonctionnel. Les athlètes soumis à des programmes ciblant les changements de direction ou les sprints courts ont démontré des améliorations notables, tant dans leur capacité d’accélération que dans leur aptitude à effectuer des mouvements complexes.
L'entraînement fonctionnel a significativement amélioré la performance technique des joueurs de basketball, en particulier la précision des tirs et la coordination pendant les phases offensives et défensives, grâce à une meilleure stimulation des muscles du tronc et des exercices multiplanaires.
Des résultats sur la performance physique

Une amélioration tangible
de la performance technique

L’un des aspects les plus fascinants de l’entraînement fonctionnel est son impact direct sur la performance technique des athlètes. Dans les sports de balle, comme le basketball, les études ont montré que cette méthode permet d’améliorer la précision des tirs et la coordination motrice. Ces résultats découlent d’un renforcement ciblé du tronc et d’une meilleure synchronisation entre les membres supérieurs et inférieurs.

Les sports de combat, comme le judo ou le taekwondo, bénéficient également des avantages de cette approche. Par exemple, des exercices intégrant des torsions et des rotations ont permis aux athlètes d’augmenter la vitesse de leurs frappes et la fluidité de leurs mouvements. L’étude cite également des améliorations significatives dans des sports d’endurance,  où les rameurs ont optimisé leur transmission énergétique et leur coordination, ce qui s’est traduit par des performances accrues sur de longues distances.
Une amélioration tangible de la performance technique
Les exercices d'entraînement fonctionnel améliorent non seulement les paramètres physiques des athlètes, tels que la force, l'agilité et la flexibilité, mais également les mouvements techniques en optimisant le transfert d'énergie au sein de la chaîne de puissance.

Perspectives pratiques
pour les experts en performance

Les résultats de cette revue systématique ne se limitent pas à la théorie. Ils offrent une multitude de pistes pour intégrer l’entraînement fonctionnel dans les pratiques des kinésithérapeutes et des préparateurs physiques.

Pour maximiser les bénéfices, il est crucial de personnaliser les programmes en fonction des besoins spécifiques de chaque athlète. Un joueur de tennis, par exemple, tirera profit d’exercices axés sur la stabilité du tronc et la rotation, tandis qu’un sprinteur devra se concentrer sur l’explosivité et la propulsion. Les études montrent que des séances de 20 à 60 minutes, répétées deux à quatre fois par semaine pendant au moins huit semaines, permettent d’obtenir des résultats significatifs.

 Limites et perspectives d’avenir


Bien que cette étude fournisse des preuves convaincantes des bénéfices de l’entraînement fonctionnel, elle met également en lumière certaines limites. La durée des programmes, souvent trop courte dans les études analysées, peut limiter l’observation d’effets à long terme. De plus, l’absence de standardisation des protocoles rend difficile la comparaison entre les différentes recherches.

  • Durée insuffisante des programmes : Certaines études ont duré moins de 8 semaines, ce qui est trop court pour observer des changements significatifs.
  • Manque de standardisation : Les protocoles varient considérablement, rendant les comparaisons difficiles.
  • Absence de suivi à long terme : Peu d’études analysent les effets prolongés de l’entraînement fonctionnel.
Les auteurs appellent à des études futures pour explorer les effets prolongés de cette méthode et pour examiner son impact dans des disciplines encore peu étudiées. Ces travaux permettront d’affiner les protocoles existants et de proposer des recommandations encore plus solides pour les professionnels du sport.
  • De mener des études à long terme pour évaluer la durabilité des effets.
  • D’explorer l’impact de l’entraînement fonctionnel sur des disciplines encore peu étudiées.
  • De standardiser les protocoles pour des comparaisons plus précises.

CONCLUSION

L’étude de Xiao et al. (2025) met en lumière le potentiel transformateur de l’entraînement fonctionnel dans le domaine de la performance sportive. En intégrant des mouvements spécifiques, dynamiques et globaux, cette méthode offre des bénéfices mesurables tant sur le plan physique que technique. Les athlètes peuvent ainsi améliorer leur force, leur agilité, leur endurance et leur précision technique, tout en bénéficiant d’une meilleure coordination corporelle et d’une réduction significative des risques de blessure 
Pour les professionnels du sport, l’entraînement fonctionnel constitue un outil précieux et adaptable. Il permet de répondre aux exigences spécifiques de chaque discipline et aux besoins individuels des athlètes, tout en offrant des résultats rapides et durables. Les programmes d’entraînement fonctionnel, lorsqu’ils sont bien conçus et personnalisés, transcendent les approches traditionnelles en plaçant le mouvement fonctionnel au cœur de la performance. Cependant, comme le souligne cette revue systématique, des défis restent à relever, notamment la standardisation des protocoles et l’évaluation des effets à long terme. Ces axes de recherche sont cruciaux pour affiner cette méthode et maximiser son impact sur la performance sportive. L’entraînement fonctionnel n’est pas seulement une tendance : c’est une approche fondée sur des preuves scientifiques, qui ouvre de nouvelles perspectives pour les athlètes et les professionnels du sport. En le plaçant au centre de vos interventions, vous pourrez aider vos athlètes à atteindre leur plein potentiel, tout en consolidant leur résilience face aux exigences de la compétition.


La référence

Xiao, S., Wang, X., Zhang, Y., & Li, J. (2025). Effects of functional training on physical and technical performance among the athletic population: A systematic review and narrative synthesis. BMC Sports Science, Medicine and Rehabilitation, 17(1), 40. https://doi.org/10.1186/s13102-024-01040-y