Fractures de Jones en NBA : Résilience, réhabilitation et enseignements pour les kinésithérapeutes

Dec 12 / Arnaud BRUCHARD - ⏱️ 5 MIN -

Quand la résilience fait la différence : Ce que les fractures de Jones nous apprennent sur la performance des athlètes de haut niveau

Dans le monde exigeant de la NBA, où chaque saut, chaque pivot et chaque impact peuvent être décisifs, les blessures deviennent souvent des épreuves cruciales pour les carrières. Parmi elles, la fracture de Jones, une blessure touchant le cinquième métatarsien, suscite une inquiétude particulière en raison de sa gravité et de ses conséquences potentielles. Une étude récente, menée par Kim et al. (2024), apporte un nouvel éclairage sur l’impact de cette blessure sur les performances des joueurs de la NBA. Voici une analyse approfondie de cette recherche et de ses implications pratiques pour les professionnels de santé.

LES 6 POINTS CLÉS DE L'ÉTUDE

Retour systématique

Tous les joueurs blessés reviennent à la compétition, ce qui est un indicateur positif pour la réhabilitation après une fracture de Jones.

Maintien des performances

Les statistiques avancées, comme le Player Efficiency Rating (PER), restent globalement stables avant et après la blessure.

Réduction de la participation

Une baisse significative du nombre de matchs joués est observée après la blessure, nécessitant une gestion des charges et des périodes de repos.

Impact de la taille

Les joueurs de petite taille (< 2 m) montrent une plus grande vulnérabilité dans leur récupération de performance.

Taux de complications

Bien que la réhabilitation soit efficace, 16,7 % des joueurs nécessitent une réintervention chirurgicale.

Valeur préventive 

L'étude met en évidence la nécessité de renforcer les programmes de prévention pour éviter ces blessures, notamment en surveillant les signes précoces de stress mécanique.


Une blessure redoutable :
les spécificités de la fracture de Jones

La fracture de Jones affecte la base du cinquième métatarsien, une zone mal vascularisée, où la consolidation osseuse est souvent lente et capricieuse. Cette localisation entraîne des risques élevés de non-union et de récidive, rendant cette blessure redoutée dans le monde sportif. Pour les joueurs de la NBA, qui subissent des contraintes physiques intenses, ces fractures posent un véritable défi en termes de rééducation et de retour à la compétition.

Méthodologie et cadre de l’étude

L’étude réalisée par Kim et al. (2024) a adopté une approche rigoureuse pour analyser l’impact des fractures de Jones sur les joueurs de la NBA entre 2011 et 2022. Voici les éléments clés de leur méthodologie :

  • Population étudiée : 18 joueurs blessés identifiés grâce à des bases de données publiques, vérifiés par les rapports de blessures et des communiqués de presse. Chaque joueur a été apparié à un joueur sain selon l’âge, la position et les statistiques précédentes.
  • Variables analysées : Minutes jouées par match, points marqués, Player Efficiency Rating (PER), ainsi que le nombre de matchs manqués avant et après la blessure.
  • Analyse statistique : Régressions univariées et multivariées pour comparer les performances pré- et post-blessure entre joueurs blessés et contrôles.

Cette approche permet d’obtenir des résultats solides et applicables aux réalités cliniques des sportifs de haut niveau.

100 % : Tous les joueurs blessés ont repris la compétition en NBA la saison suivant leur fracture de Jones, démontrant une capacité de retour systématique.

Une étude chiffrée : résultats clés de la recherche

  1. Retour à la compétition : Tous les joueurs blessés (100 %) sont revenus à la compétition la saison suivante. En moyenne, ils ont disputé 39 matchs lors de la première saison post-blessure.
  2. Performances stables : Aucune diminution significative des indicateurs avancés comme le PER (moyenne avant blessure : 13,43 ; moyenne après blessure : 12,77 ; p = 0,15). Les autres statistiques (rebonds, points, passes décisives) sont restées similaires entre les deux périodes.
  3. Impact sur la durée de jeu : Les joueurs blessés ont manqué en moyenne 50 matchs après la blessure, contre 0 pour leurs homologues sains.
  4. Facteurs de risque : Pour les joueurs mesurant moins de 2 mètres, chaque centimètre supplémentaire était associé à une baisse notable du PER post-blessure (-1,08 point par centimètre).
  5. Taux de complications : Parmi les joueurs blessés, 16,7 % ont nécessité une réopération suite à une fracture récurrente.
50 matchs manqués : En moyenne, les joueurs blessés ont manqué 50 matchs lors de la saison post-blessure, contre 0 pour leurs homologues sains.

Implications pratiques pour les kinésithérapeutes

L’étude apporte des éléments concrets pour améliorer la prise en charge des athlètes souffrant de fractures de Jones. Voici quelques points clés à intégrer dans votre pratique :

  1. Établir des attentes réalistes : Expliquez aux athlètes et à leur entourage que si la performance globale peut être maintenue, le nombre de matchs joués peut diminuer temporairement. Une planification judicieuse des périodes de repos et de réathlétisation est essentielle.

  2. Adapter les protocoles de rééducation : Les joueurs plus petits (moins de 2 mètres) semblent plus vulnérables aux déclins de performance post-blessure. Des exercices spécifiques, ciblant l’équilibre biomécanique et la charge fonctionnelle, peuvent réduire ces effets.

  3. Renforcer la prévention : Les fractures de Jones peuvent être prévenues par un renforcement adapté de la chaîne cinétique inférieure et une surveillance accrue des signes de stress mécanique.

  4. Exploiter la technologie : L’utilisation de plateformes de force et d’outils d’analyse biomécanique peut permettre de surveiller de près la progression de la récupération et d’ajuster les protocoles en conséquence.

Des enseignements clairs pour les professionnels de santé

100 % : Tous les joueurs blessés ont repris la compétition en NBA la saison suivant leur fracture de Jones, démontrant une capacité de retour systématique.
Cette étude met en lumière un aspect positif souvent négligé : les fractures de Jones, bien que sérieuses, ne signifient pas un déclin irréversible pour les athlètes. Au contraire, elles montrent qu’avec une prise en charge appropriée et individualisée, les sportifs peuvent non seulement revenir au jeu, mais aussi maintenir un haut niveau de performance.

En tant que kinésithérapeutes, il est crucial de transformer cette connaissance en actions concrètes pour accompagner vos patients à chaque étape de leur récupération.

CONCLUSION : 

au-delà de la blessure, une opportunité de progresser
L’étude de Kim et al. (2024) souligne l’incroyable résilience des joueurs de la NBA face à une blessure redoutée comme la fracture de Jones. Pour les professionnels de santé, ces résultats réaffirment l’importance d’une approche holistique et personnalisée, intégrant prévention, réhabilitation et soutien psychologique. Ces fractures ne doivent pas être perçues comme une fin, mais plutôt comme une étape vers une nouvelle forme de performance.

En exploitant les enseignements de cette recherche, vous pourrez contribuer à changer les perspectives de vos patients sportifs, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

L'ÉTUDE

Kim, A. H., Cha, M.-J., Pan, A., Dafflisio, G., Cartagena-Reyes, M. A., Mun, F., Kaplan, J. R., & Aiyer, A. A. (2024). Evaluating Performance Among National Basketball Association Players After Jones Fractures: A Retrospective Cohort Study. The Orthopaedic Journal of Sports Medicine, 12(12). https://doi.org/10.1177/23259671241300330