Les bases de données suivantes ont été consultées depuis le début jusqu’au 27 Décembre 2021 : MEDLINE (PubMed), EMBASE, Cochrane Library, CINAHL et SPORTDiscus.
Critère d'inclusion : Essais cliniques randomisés (ECR) rédigés en anglais, évalués par des pairs, portant sur des patients ayant subi une rupture du LCA et comparant les interventions de kinésithérapie à l’absence d’intervention, un placebo ou aux soins standards.
Critères d’exclusion : ECR pourtant sur :
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Des patients ayant subi une rupture du LCA et traités de manière non chirurgicale.
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Des patients ayant terminé leur rééducation.
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Des enfants (<16 ans).
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Des études ne rapportant que des lésions concomitantes telles que d’autres lésions ligamentaires du genou.
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Des interventions nutritionnelles et psychologiques.
140 ECR ont été inclus pour évaluer l’efficacité des interventions de rééducation après une opération du LCA. Les participants étudiés étaient au nombre de 5231 (70% d’hommes, 25%de femmes et 5% dont le sexe n’a pas été indiqué). L’âge moyen des participants (dans les études où il était indiqué) était de 27,9 ans. Dans 94% des cas, le greffon utilisé était os-tendon-os (BTB-bone–tendon–bone) ou ischio-jambiers (IJ), répartis de manières égale.
La plupart des études ont été jugées avec un risque de biais élevé ou préoccupant pour tous les résultats
La rééducation préopératoire peut améliorer la force postopératoire du quadriceps, l’amplitude des mouvements du genou et réduire le délai de reprise du sport.
La durée de la réhabilitation est propre à chaque individu et dépend de la capacité du patient à retrouver en toute sécurité son niveau d’activité d’avant blessure. Dans de bonnes conditions, il est possible d’utiliser des délais accélérés sans provoquer d’effets indésirables. Des critères spécifiques doivent être utilisés pour faire progresser la rééducation en tenant compte du temps minimum nécessaire à la protection et à la cicatrisation du greffon.
Il n’y a pas de bénéfice supplémentaire concernant la douleur, l’amplitude du mouvement ou l’œdème dans l’utilisation du mouvement passif continu par rapport aux exercices actifs.
La cryothérapie est justifiée dans la phase initiale de la prise en charge. Cependant, les patients doivent être formés à l’application de la glace en toute sécurité pour éviter les blessures. La cryothérapie compressive peut être plus efficace que la cryothérapie seule.
L’entraînement sous restriction du flux sanguin à faible charge (BFR) peut être utilisé en complément des soins standards dans la phase initiale de la rééducation pour améliorer la force du quadriceps et des IJ, en particulier lorsque le patient souffre d’une douleur aigüe du genou ou ne peut pas tolérer une charge élevée sur l’articulation. Toutefois, les cliniciens doivent être conscients des contre-indications.
Le dry needling n’est pas recommandé en phase aigüe, en raison du risque accrue d’hémorragie.
La vibration du corps entier peut être utilisée comme une intervention supplémentaire pour améliorer la force du quadriceps et l’équilibre statique, mais ne doit pas remplacer la rééducation conventionnelle.
La thérapie aquatique peut être utilisée en plus des soins habituels pendant la phase initiale de la rééducation pour améliorer la fonction subjective du genou.
Le mouvement actif du genou doit commencer immédiatement après l’opération, en tenant compte de toute consigne chirurgicale. L’immobilisation ne diminue pas la douleur et peut entraîner une amyotrophie, ce qui retarde la récupération de la fonction.
La mise en charge précoce (première semaine) doit se faire de manière progressive et contrôlée, selon la tolérance du patient, en tenant compte des consignes chirurgicales.
Le patient peut commencer les exercices en chaine cinétique ouverte (CCO) dans une amplitude de mouvement limitée (90°-45° de flexion de genou) à partir de la 4ème semaine post-opératoire sans compromettre la stabilité du genou. Les cliniciens et les patients doivent surveiller l’apparition d’une douleur antérieure du genou et ajuster la charge ainsi que la progression du renforcement en conséquence.
Les exercices isométriques du quadriceps, y compris les contractions statiques et les élévations jambe tendue, pourraient avoir un petit effet sur une récupération plus rapide de la flexion du genou, mais par sur la force du quadriceps. Ils peuvent être prescrits pendant les deux premières semaines suivant l’opération sans compromettre l’intégrité du greffon.
La presse à jambes (leg press) peut être commencée dès 3 semaines après l’opération chez les patients ayant subi une greffe des IJ, en utilisant un schéma fonctionnel similaire à un demi-squat (0°-45°) pour améliorer la force du quadriceps et des IJ. La douleur antérieure du genou doit être surveillée et la charge doit être augmentée en conséquence.
Un renforcement excentrique précoce du quadriceps entre 20° et 60° de flexion du genou, peut être entrepris 3 semaines après l'opération chez les patients ayant bénéficié d'une autogreffe du tendon rotulien ou des IJ afin d'améliorer la force et l'hypertrophie du quadriceps sans compromettre l'intégrité du greffon.
Une combinaison d'exercices en chaîne cinétique fermée et ouverte peut conduire à une amélioration significative de la force du quadriceps et à un retour plus rapide au sport, sans augmentation de la laxité, par rapport à la chaîne cinétique fermée seule. L’entraînement excentrique, en combinaison avec l’entraînement concentrique, permet d’obtenir une amélioration de la force et des résultats fonctionnels. Les effets du cross effect sont discutés.
L’utilisation exclusive du renforcement isocinétique n’est pas recommandée. La combinaison du renforcement isotonique et isocinétique semble davantage améliorer la force musculaire que lors de ces interventions isolées.
Le contrôle moteur et le renforcement musculaire font toutes deux partie intégrante de la rééducation et doivent être combinés dans le protocole de rééducation afin d’améliorer les résultats.
L'entraînement à la pliométrie et à l'agilité peut encore améliorer la fonction subjective et les activités fonctionnelles par rapport aux soins habituels, sans augmentation de la laxité ou de la douleur.
Les exercices de stabilité du tronc peuvent améliorer les résultats fonctionnels et la fonction subjective de genou et peuvent être utilisés en complément de la rééducation.
Retour à la conduite :
Elle est déconseillée tant que le patient n’est pas capable d’activer efficacement le frein encas d’urgence. En règle générale, cela se produit environ 4 à 6 semaines post-opération du côté droit et environ 2 à 3 semaines après une opération du côté G.
Retour à la course à pied :
Malgré l’absence de résultats dans notre recherche, il semble justifié de proposer des critères pour la reprise de la course à pied :
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95% de l’amplitude des mouvements de flexion du genou.
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Extension complète du genou.
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Plus d’œdème.
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Indice de symétrie des membres (LSI) > 80% pour la force du quadriceps.
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LSI > 80% d’impulsion excentrique lors d’un countermovement jump (CMJ).
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Aquajogging et course alter-G sans douleur
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Sauts répétés sans douleur sur une seule jambe (pogos jumps).
Retour au sport :
Critères minimums à valider avant de reprendre progressivement sa réathlétisation :
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Pas d’œdème.
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Amplitudes totales.
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Genou stable (cliniquement et fonctionnellement).
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Normalisation de la fonction subjective du genou et de l’état psychologique, objectivé grâce aux PROMs (ACL-RSI, IKDC...).
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Le ratio isocinétique IJ/Q à 60°/s doit présenter une symétrie de 100% pour le retour aux sports de pivot. Restaurer au minimum les valeurs absolues préopératoires (si elles sont disponibles) et les valeurs normatives en fonction de l’âge, du sport et du niveau d’activité
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LSI au CMJ et drop jump > 90% (hauteur de saut, impulsion concentrique et excentrique). L’indice de force réactive (RSI–hauteur/temps de vol) > 1,3 pour un saut bipodal, > 0,5 pour un saut unipodal.
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Biomécanique de saut : normaliser les valeurs absolues et de symétrie pour les moments, les angles et le travail musculaire lors des sauts verticaux et horizontaux, en particulier dans les plans sagittal et frontal, pour les articulations de la hanche, du genou et de la cheville.
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Mécanique de course : rétablissement d’une symétrie> 90% des forces verticales de réaction du sol (GRF) et de la biomécanique du genou pendant la phase d’appui lors d’une course à haute vitesse et d’un changement de direction (CoD).
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Suive un programme d’entraînement spécifique au sport.