Cette étude qualitative met en lumière l’expérience complexe et multidimensionnelle de la douleur chez les athlètes, tout en soulignant l’importance de la communication et des stratégies d’adaptation.
Objectif de l’étude
L'objectif principal était d'explorer les expériences et les perspectives partagées entre les athlètes et les kinésithérapeutes concernant la douleur des membres supérieurs et inférieurs. Pour ce faire, des groupes de discussion mixtes ont été organisés afin de recueillir des points de vue diversifiés et enrichis par les interactions entre les participants.
Méthode
Schéma, population et intervention
Analyse du contenu des discussions
Processus de validation par les patients et le public
Résultats
Les résultats, bien que riches et pertinents, doivent être interprétés avec prudence en raison de l’absence de grille d’évaluation méthodologique standardisée et de la portée limitée de l’échantillon.
Ces thématiques offrent une base précieuse pour enrichir les pratiques cliniques et encourager des recherches futures intégrant des approches complémentaires pour une meilleure gestion de la douleur."
CONCLUSION
- Cette étude a permis d’extraire quatre grandes thématiques autour de la douleur, soulignant son imbrication profonde dans la vie des athlètes. Elle met en lumière des éléments souvent négligés, mais essentiels à une prise en charge globale et efficace.
- Les expériences émotionnelles et psychologiques liées à la douleur ont été particulièrement explorées, révélant des aspects traditionnellement sous-évalués. Ces dimensions affectives doivent être intégrées dans l'accompagnement des athlètes, non seulement pour optimiser leurs performances, mais aussi pour préserver leur santé mentale et leur bien-être global.
- Les différents facteurs influençant la perception de la douleur et la prise de décision ont également été détaillés. L’étude met en avant l’importance de distinguer une douleur normale, inhérente au processus sportif, d’une douleur nécessitant une attention particulière ou une intervention ciblée.
- Enfin, une communication claire et complète est apparue comme un levier central. Elle facilite non seulement la responsabilisation des athlètes, mais aussi leur compréhension de la complexité de la douleur. En favorisant des échanges transparents entre les athlètes, les professionnels de santé, les entraîneurs et les coéquipiers, cette communication permet d’améliorer les stratégies d’adaptation et, à terme, de mieux gérer la douleur tout en renforçant les performances sportives.
Application pratique pour les kinés du sport
Les enseignements de cette étude offrent des perspectives précieuses pour les kinésithérapeutes travaillant avec des athlètes. Tout d'abord, il est crucial de reconnaître la douleur comme un élément central de l'expérience sportive, influençant non seulement la performance, mais aussi l'identité et le bien-être global de l'athlète. Cela implique une approche individualisée, prenant en compte les dimensions émotionnelles et psychologiques souvent sous-évaluées. Les kinés doivent aider les athlètes à distinguer une douleur "normale", liée au processus sportif, d'une douleur nécessitant une intervention spécifique, en les guidant à travers une exploration de leur expérience actuelle et passée. Par ailleurs, une communication claire et collaborative avec l’ensemble des parties prenantes (entraîneurs, coéquipiers, personnel médical) est indispensable. L’utilisation d’un langage simple et adapté, combinée à des objectifs communs, permet de renforcer la cohésion autour de l’athlète et d’améliorer les stratégies d’adaptation. Enfin, intégrer ces éléments dans une prise en charge globale, centrée sur l'athlète et ses besoins, peut non seulement optimiser la gestion de la douleur, mais également contribuer à une meilleure performance et longévité dans le sport.
Douleur chez les athlètes : perspectives, enseignements et pistes pour les kinés du sport
- Les résultats de cette étude mettent en lumière des thématiques centrales sur la douleur chez les athlètes, proposant une vision riche et multidimensionnelle de ce phénomène. Bien que la méthodologie qualitative présente certaines limites, notamment un échantillon restreint et l'absence de grille standardisée pour évaluer sa qualité, les conclusions apportent des perspectives essentielles pour la compréhension et la gestion de la douleur dans un cadre sportif.
- Les facteurs contextuels et sociaux émergent également comme des éléments cruciaux. Les kinés pourraient travailler de manière plus étroite avec l'entourage des athlètes — entraîneurs, coéquipiers, familles — pour créer un environnement de soutien autour de l’athlète. Cela facilite une meilleure acceptation de la douleur et renforce les stratégies d'adaptation. En parallèle, une approche biopsychosociale systématique devrait être intégrée, prenant en compte non seulement les aspects physiques de la douleur, mais aussi ses dimensions émotionnelles et cognitives. L’utilisation d’outils validés, tels que des questionnaires sur le stress ou l’impact psychosocial, pourrait guider une prise en charge plus individualisée.
- Cette étude souligne également l'importance de la formation continue et de la collaboration interdisciplinaire pour optimiser la gestion de la douleur. Les kinés peuvent enrichir leurs pratiques en collaborant avec des médecins du sport, psychologues ou préparateurs physiques, tout en planifiant des objectifs progressifs, réalistes et mesurables pour guider les athlètes dans leur rééducation. Les retours d'expérience des athlètes pourraient également être mieux exploités, non seulement pour ajuster les interventions, mais aussi pour sensibiliser les équipes à la réalité vécue de la douleur sportive.
- Enfin, cette recherche ouvre des pistes prometteuses pour des études futures, notamment sur le développement d’outils spécifiques pour évaluer les dimensions émotionnelles et psychologiques de la douleur. Elle pose également les bases pour approfondir les modèles de communication interdisciplinaire, indispensables pour une prise en charge globale. En intégrant des mesures préventives, telles que des programmes d'entraînement ou de rééducation anticipant les douleurs chroniques ou récurrentes, ces résultats renforcent l’idée que la douleur dans le sport est un phénomène complexe nécessitant une approche à la fois technique, éducative et collaborative.
L'avis du pôle scientifique Kinesport
Recommandations COREQ
Bien que cette étude qualitative ait été rigoureusement menée en suivant les recommandations COREQ, il est important de noter qu’il n’existe pas de grille de lecture standardisée permettant d’évaluer sa qualité méthodologique de manière universelle. En conséquence, les résultats doivent être interprétés avec précaution.
Standardisation stricte
L’absence de standardisation stricte dans l’évaluation des études qualitatives, notamment lorsqu’une analyse thématique réflexive est utilisée, laisse place à une part de subjectivité dans l’interprétation des données. Malgré les efforts pour limiter les biais, comme la double évaluation indépendante des transcriptions, cette méthodologie reste dépendante des choix et de l’expérience des chercheurs.
Échantillon limité
De plus, l’étude repose sur un échantillon limité d’athlètes et de kinésithérapeutes, ce qui restreint la portée de ses conclusions à d’autres contextes sportifs ou populations. Les spécificités de cet échantillon (sportifs en compétition et kinésithérapeutes expérimentés) offrent des perspectives intéressantes mais ne permettent pas de généraliser les résultats à l’ensemble des athlètes ou professionnels de santé.
L'étude
Ciarán Purcell, Brona Fullen, Caoimhe Barry Walsh, Garett Van Oirschot, Tomas Ward, Brian Caulfield - ‘Another world of pain’—athlete and sport physiotherapist perspectives on the unique experience of pain in sport: BMJ Open Sport & Exercise Medicine 2024;10:e002020.