Le football américain est un sport particulièrement pourvoyeur de blessures. On compte par exemple 8 blessures pour 1000 expositions/joueur à l’université et 36 blessures pour 1000 expositions/joueur au niveau collège.
Dans cette étude, les tendances ont été analysées et des facteurs variés ont été reliés à une augmentation du risque de blessures au TA. Ces blessures ont un impact notable sur la capacité du joueur à participer et performer en compétition, les données actuelles montrant
que minimum 5 mois sont nécessaires, parfois plus de 12 mois pour certains, afin de revenir à une participation totale au jeu.
42% des athlètes n’ont d’ailleurs jamais pu reprendre part à une saison NFL après leur blessure, étant coupé par le club ou devant prendre leur retraite. Néanmoins, la majorité ont pu reprendre (58%).
Lorsque l’on compare le RTP pour les joueurs rookies ou non rookies, une grande différence apparait. Concernant les rookies s’étant blessé, seulement 42,11% ont pu jouer en NFL, alors que 62,20% des non rookies ont pu reprendre en NFL lors de saisons ultérieures. Cette différence de 20% met en lumière la variété de niveau d’expérience au plus haut niveau et la variété de préparation des athlètes.
Les joueurs non rookies sont le plus souvent expérimentés et sous contrat longue durée, ce qui incite peut-être les franchises NFL à s’assurer du retour au jeu de ces joueurs.
Concernant l’âge des joueurs, il existe une distribution bimodale des blessures au TA avec un pic pour les jeunes joueurs autour de 24 ans et un pic pour les joueurs plus âgés autour de 36 ans.
Ceci pourrait correspondre aux 2 causes différentes de blessures au TA retrouvées. Pour les joueurs les plus jeunes essayant d’intégrer l’équipe et de réussir la transition vers le niveau NFL, les limites physiques doivent être poussées au maximum. Ceci pourrait expliquer l’augmentation du taux de blessure tôt dans la saison, lorsque la place du joueur dans l’équipe est encore incertaine.
A l’inverse, les joueurs les plus âgés pourraient se blesser par mécanisme d’overuse plus tard dans la saison, après avoir pris part à de nombreuses semaines de compétition.
Il est intéressant de noter que l’âge moyen des blessures du TA en NFL est de 26,7 ans, ce qui inférieur à l’âge retrouvé dans la population générale ou même dans d’autres associations de sports professionnelles comme en NBA par exemple. L’hypothèse avancée étant l’augmentation de la charge sur le TA dans le football américain professionnel, avec des phases de jeu plus courtes, plus intenses et une augmentation des contacts physiques.
Les joueurs les plus touchés sont les « skilled players », qui habituellement ont besoin d’accélération explosive, de changements de direction brutaux ou d’efforts maximaux. Parmi ces joueurs-là, il est attendu des joueurs qui jouent defensive end qu’ils courent autour des joueurs de la ligne offensive, sprintant et effectuant de nombreux changements de directions. Ces mouvements explosifs pourraient être à l’origine d’un risque plus important de rupture du TA pour ces joueurs qui représentent le poste le plus touché en football américain.
Par rapport au niveau d’expérience du joueur, il est intéressant de noter que les blessures des rookies représentent quasiment 30% des ruptures hors saison et en revanche le taux pour ces joueurs inexpérimentés est de 0% en pleine saison. Cela montre la tendance pour ces joueurs à subir pleinement la transition vers la rigueur de la NFL. Au début de leur carrière, les rookies doivent se montrer et prouver leur valeur. Il se peut également qu’ils soient davantage exposés au temps passé sur le terrain dans le but d’être évalués, quand les joueurs vétérans sont économisés pour le reste de la saison.
Ceci met en lumière le fait que les joueurs rookies doivent être suivis de près pendant les mois d’aout, septembre et octobre, avant le début de la saison régulière.
Les informer de ce risque et mettre en place des mesures préventives revêt un intérêt majeur.
Il existe actuellement un manque de données dans la littérature concernant les mesures préventives pour le traitement des tendinopathies d’Achille, mais malgré cela il a été prouvé que la mise en place d’exercices à visée proprioceptive avait tendance à réduire le risque de ruptures non contacts du TA.
Associés à une récupération adéquate lors de la présaison, ou la charge de course est plus élevée, ces exercices pourraient être incorporés à un protocole préventif.
Il a été évalué également l’influence des matchs joués lors du Thursday night games (matchs joués le jeudi soir et retransmis sur les chaines nationales) par rapport aux matchs joués classiquement le dimanche. Il n’a pas été retrouvé de différence significative sur le risque de rupture du TA entre un match joué le jeudi et le dimanche, même si cela pourrait avoir un impact à plus long terme par rapport à la présence de microlésions récurrentes et un temps de récupération plus faible (3j au lieu de 6j habituellement).
En ce qui concerne l’environnement du match, l’analyse a porté sur l’influence du type de terrain et également la météo le jour du match. Il a été démontré que la surface n’a pas d’impact sur le taux de rupture du TA et les joueurs peuvent aussi bien se blesser sur une vraie pelouse que sur pelouse synthétique, ce qui n’est pas nécessairement à extrapoler avec d’autres blessures.
Les lésions du TA se sont produites aussi bien à -17°C qu’à +33°C, avec une moyenne de +20°C au moment de la blessure, ce qui a tendance à challenger la notion comme quoi ces blessures se produiraient davantage à des températures basses.
Les athlètes jouant un jour de grand froid ont tendance à réaliser un warm up plus intense ce qui peut jouer en faveur d’une réduction de risque de rupture du TA lors du match, l’hypothèse contraire étant que les jours plus chauds, l’échauffement est plus court et moins intense, ce qui rendrait l’athlète plus vulnérable à la blessure.
Les limites principales de cette étude sont l’utilisation de données publiques, notamment fournies par la NFL avec des informations parfois manquantes.
La taille de l’échantillon également fait défaut, les ruptures du TA sont relativement peu fréquentes, avec seulement 101 ruptures sur 7 ans, et ce pour les 32 franchises réunies. Cela réduit les possibilités de signification de certains éléments retrouvés dans cette analyse de données rétrospective.